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Le concours blanc est une chose tant merveilleuse qu'horrible. Je m'explique.
L'emploi du temps d'un hypokhâgneux en période de concours blanc est considérablement simplifié. Schéma :
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8h - 13h : Epreuve. (Réflexion intense, stress, ainsi qu'une nette tendance à bacler pour sortir plus tôt)
13h - 14h : Repas. (Détente, échanges de futurs perles de concours blanc qui finiront affichées dans la salle des profs)
14h - 17h30 : Sieste OU Activités complètement débiles, reliées d'aucune façon au concours blanc et/ou à sa révision. Exemples : visite du Marché de Noël, patinoire, etc .
17h30 - 18h30 : On feuillette quelques copies, pour se donner bonne conscience avant le repas.
18h30 - 19h : Repas. (- Tu bosses tard ce soir ? - Arf, je sais pas. - Ca te dit de venir regarder un DVD ? NB: Le choix est vite fait.)
19h - 23h : Activité sans rapport avec le concours, bien qu'on trimballe avec nous nos cours entre les chambres, histoire de dire, non mais j'allais m'y mettre, hein.
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Voilà la triste vérité.
-Et donc, un résumé concis et rapide (je vais faire ce que je peux) de ce concours blanc.
-Nous avons commencé par Histoire. Ce qui sous-entend, panique générale. En effet, on ne pouvait décemment pas ingurgiter en une soirée tout un trimestre de cours d'histoire contemporaine, en plus d'une centaine de page d'un certain René Girault (je reviendrai sur ce fourbe dans un prochain billet) C'est donc le fatalisme qui nous accompagna durant cette première épreuve. Congrès de Vienne ? Industrialisation ? Mon intuition me soufflait que le sadisme des profs irait jusqu'à mêler les deux. "L'Europe en 1815" . Ha ha. Est-ce utile d'en dire plus ?
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Puis, géographie. Outre la question que je me pose depuis le début de l'année (mais que vient diantre faire cette matière tout à fait inutile et barbante dans une prépa littéraire ?) l'urgence fut de retrouver mes malheureux cours, trop souvent ponctués de blancs, le vendredi matin étant souvent synonyme d'heures de sommeil en plus. Pleine de bonne volonté quant à cette matière qui me rebute pourtant, j'avais même acheté un Pelletier qui je l'espèrerais, m'éclairerait dans cette découverte tardive de cette terre inconnue qu'est la géographie. Que nenni. J'ai passé deux heures à ficher mes quelques copies doubles pour tomber de sommeil ensuite. Et donc : "Centre, centres dans les métropoles des pays industrialisés" Sujet dont vous noterez la subtilité. Je ne sais absolument pas ce que j'ai pu raconter pendant huit pages, si ce n'est qu'en refermant la porte au bout de trois heures, je me suis rendue compte que j'avais fait l'erreur d'oublier la question des ghettos, et que non, Reims n'était pas une métropole.
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Le samedi, pour nous mettre de mauvaise humeur, allemand. J'ai découvert avec ravissement un texte déjà traduit en DM, ainsi qu'avec horreur une version dont je ne connaissais pas la moitié des mots. Dans ce cas ? J'invente. (je sais, c'est mal.) Le thème grammatical était censé nous rapporter facilement des points - j'aurai bien discrètement arraché la feuille. Il n'y a plus qu'à croiser les doigts et à compter sur mes vieux acquis de LV1 pour m'assurer une note correcte. -
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Afin de nous gâcher le week-end (quel week-end, je vous le demande, devant rentrer le dimanche soir) lundi c'était philosophie. Notre charmant professeur a tenu garder le suspens jusqu'au bout en écrivant le sujet mot par mot, en se retournant avec un air de compassion mêlé d'un poil de sadisme entre chaque coup de craie. "Dans quelle mesure le langage peut-il modifier le rapport de l'être parlant à sa propre vie ?" Ce fut un massacre, et dire que j'adorais la philo, jadis...
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Mardi, anglais. Un texte plutôt limpide sur les jeunes et l'alcool en Angleterre, un résumé et un essai à la clé. La deuxième page a révelé de bien pires présages : une version et un thème. Avec de magnifiques subtilités de niveau de langues à traduire. (Si quelqu'un sait ce que signifie Chappie, je lui serai reconnaissante de m'en informer) et un joli test d'idiomatismes (que je ne maîtrise absolument pas) Bref, bilan assez mitigé.
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Jeudi, dernière épreuve et de loin celle qui m'angoissait le plus, littérature. J'ai cru que j'allais m'étouffer en voyant les sujets. Il aurait peut être mieux fallu, au fond. Un paragraphe horrible sur l'éloge de Flaubert par Proust, qui saurait donner avec maîtrise "l'impression du temps." D'après lui, la meilleure partie de l'Education Sentimentale, "ce n'est pas une phrase, mais un blanc." De ces changements de temps dont il aurait l'art, Proust ajoute que Flaubert "les débarrasse du parasitisme des anecdotes et des scories de l'histoire" , que "le premier, il les met en musique." Sincèrement, j'ai été pitoyable. Et dire que je veux faire une Khâgne Lettres Modernes. -
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Bref, le concours blanc reste à comparer à un pansement, ça fait très mal quand on l'arrache, mais au moins c'est rapide. Epuisés par la fatigue des six dernières semaines, je doute que nous nous soyons montrés sous notre meilleur jour - nous avions plus hâte d'en finir qu'autre chose. Personnellement, je m'en veux un peu, beaucoup à vrai dire. Comme toujours je fais mon bilan avec des "J'aurai dû ficher plus tôt" ou des "Si j'avais su que ça tomberait là dessus" , le pire étant l'épreuve de littérature qui m'a littéralement traumatisée. De plus, le concours blanc est plus coefficienté que le reste, et va évidemment compter lors du conseil de classe fin janvier.
Essayons de ne pas y penser.